Luxe de la montre
La montre est un luxe au 18e siècle
Comme le rappelle Daniel Roche dans La France des Lumières, la montre et l'horloge prennent leur ampleur au siècle des Lumières : le temps est enfin quantifiable ; n'oublions pas cependant que l'unification nationale du temps ne se fera pas avant le siècle suivant.
La montre devient un objet pratique mais aussi décoratif, signe de distinction. Dans les campagnes, les colporteurs transportent des montres au milieu de lunettes, de livres, d'images ou de rubans.
Jacques-Louis Ménétra, dans son autobiographie - souvent citée par Roche et d'autres historiens contemporains -, raconte qu'à Paris, les prostituées raffolent des montres des voyageurs de commerce suisses et que les cochers de fiacre portent des montres anglaises.
Et la petite Marie-Victoire Monnard, femme du peuple écrit : « Rien ne m'aurait autant flattée que d'avoir une grande chaîne en acier pendante sur mon tablier et au bout de laquelle eût été attachée la montre que l'on portait en dedans de la ceinture du jupon. »
Beaumarchais, qui s'appelle encore Pierre Caron, travaille dans sa boutique d'horlogerie de la rue Saint-Denis. Il fabrique des montres minuscules qu'il offre à Mme de Pompadour, au roi, à Mesdames, fille du roi ; il gagnera d'ailleurs leur amitié et deviendra leur maître de harpe. On connaît la suite... L'horlogerie mène-t-elle à tout ?
Remarque : Au début du 17e siècle, les montres existent mais elles sont chères et sonnent fort. On leur préfère des cadrans solaires portatifs qu’on tire de la poche. Les montres se volent, même au frère de Louis XIII, Gaston d’Orléans. On lui conseille de fermer les portes. Il réplique : « Au contraire, sortez tous de peur qu’elle ne sonne et n’indique le voleur. » (Sources de l'anecdote : La Fleur des rues, Michel Chaillou, Fayard, 2000).
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