Mme de Staël aurait pu épouser Fersen
Germaine Necker, la future Mme de Staël a dix-sept ans lorsqu’Axel de Fersen écrit à son père le 16 avril 1783 :
« Après avoir pris soin de mon avancement et satisfait mon amour-propre (1), il faut songer à un établissement plus solide ; je suis dans l’âge où le mariage, quelque peu de vocation que j’aie pour ce sacrement (2), devient une chose nécessaire. Celui avec Mlle Lyell (3) est très avantageux ; je ne l’ai pas perdu de vue et pendant mon séjour en Amérique j’ai continué ma correspondance. Je lui ai écrit cinq ou six lettres, mais je n’ai pas eu de réponses ; mes lettres ne sont peut-être pas toutes parvenues ? [...] Mais j’ai jeté mes yeux sur une autre. Ce projet dépend entièrement de votre volonté ; je n’y ai d’autre intérêt que celui que vous mettrez. C’est la fille de M. Necker. Elle est protestante, son père possède une fortune (4), elle est fille unique, elle a été élevée dans la maison de son père, loin du grand monde, dont elle n’a pas encore pris le goût. Je ne l’ai vu qu’une fois en passant, et je ne me souviens pas de sa figure [!!!] ; je me rappelle seulement qu’elle n’a rien de désagréable et qu’elle n’est pas contrefaite. Tout le monde la dit bien élevée et avec beaucoup de soins ; la mère est une femme d’esprit et bien en état de lui donner une bonne éducation. »
Mais M. de Staël, l’ambassadeur de Suède, l’emporte.
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Notes
(1) Il s’agit des pourparlers qui vont aboutir à l’achat, facilité par la reine, du régiment Royal-Suédois. Fersen ne perd pas le nord...
(2) Fersen est connu pour ses nombreuses aventures amoureuses.
(3) Une Anglaise rencontrée avant la guerre d’Indépendance.
(4) Le capital dont Necker disposait en 1777 était de cinq millions de livres. Il avait prêté la moitié à 5 % au Trésor français quand il était Directeur des Finances du royaume. La dot serait donc conséquente : 650 000 livres...
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