Mme de Staël à Coppet
Chateaubriand avait écrit un jour à Mme de Staël : « Si j’avais comme vous un bon château au bord du lac de Genève, je n’en sortirais pas. » Il est vrai que le grand parc, les bâtiments harmonieux du 18e siècle et le somptueux mobilier ramené de France par son père, le banquier Necker auraient pu suffire au bonheur de n’importe qui. M. Necker acheta le château en 1784 et s’y établit après sa démission du poste de ministre des Finances de Louis XVI en 1790. Exilée à Coppet par Napoléon, Mme de Staël y régna sur une véritable cour. Société brillante et conversations sans fin dans le grand salon aux tapisseries d’Aubusson et au mobilier recouvert de soieries anciennes avec Benjamin Constant, Mme Récamier (à la chambre tendue de papier de Chine et de soie vert d’eau), Auguste Schlegel (le précepteur des enfants), Sismondi, Mathieu de Montmorency et bien d’autres. Salle à manger d’été, grande galerie au rez-de-chaussée pour les représentations théâtrales, assistance si nombreuse que les valets proposent les boissons par les fenêtres ! Germaine y joue Hermione et Benjamin Pyrrhus. Mme de Staël écrit tout le temps, transportant son écritoire de pièce en pièce.
Lorsque Napoléon ordonne un bannissement encore plus sévère, Coppet devient un désert. En 1812, elle s’enfuit, rejoint l’Angleterre par la Russie et la Suède et revient triomphalement en 1816 après la chute de l‘Empire. Elle épouse alors un jeune officier de vingt ans son cadet, John Rocca.
Le domaine, légué à son fils Auguste passe ensuite à sa veuve puis à sa nièce, Louis de Broglie, comtesse d’Haussonville. Il appartient toujours à cette famille.
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Sources : Mes Maisons d’écrivains, Evelyne Bloch-dano, Stock, 2019.
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