Aspect physique
Pas belle... mais...
Mme de Staël n’est pas belle mais...
Dans ce portrait de Gérard, elle porte un turban, sa coiffure habituelle. Le rouge correspond bien à son tempérament volcanique. On peut comparer cette toile avec le portrait de Corinne au Cap Mysène (ci-dessous).
« Mme de Staël avait de la grâce dans tous ses mouvements ; sa figure, sans satisfaire entièrement les regards, les attirait d'abord et les retenait ensuite, parce qu'elle avait, comme un organe de l'âme, un avantage fort rare : il s'y déployait subitement une sorte de beauté, si on peut le dire, intellectuelle. Ses pensées successives se peignaient d'autant mieux sur son visage, qu'à l'exception de ses yeux, qui étaient d'une rare magnificence, aucun trait bien saillant n'e avait déterminé d'avance le caractère. Elle n'avait aucune de ces expressions permanentes qui, à la longue, ne signifient rien, et sa physionomie était, pour ainsi dire, créée sur place par son émotion. Peut-être aurait-elle même eu dans le repos les paupières un peu pesantes ; mais le génie éclatait tout à coup, dans ses yeux, son regard s'allumait d'un noble feu, et annonçait comme l'éclair, la foudre de sa parole. De même elle n'avait point, dans sa contenance, ni dans ses traits, cette mobilité inquiète qui est un indice d'esprit si trompeur. Une sorte d'indolence extérieure régnait plutôt chez elle ; mais sa taille un peu forte, ses poses marquantes et bien dessinées donnaient une grande énergie, un singulier aplomb à ses discours ; il y avait quelque chose de dramatique en elle, et même sa toilette, quoique exempte de toute exagération, tenait à l'idée du pittoresque plus qu'à celle de la mode. » (Mme Necker de Saussure, cousine de Mme de Staël)
Lamartine décrit la rencontre qu'il fait de Mme de Staël et de sa grande amie Mme Récamier en voiture sur la route de Coppet, en 1815 : « Dans la seconde [calèche], deux femmes d'un âge plus mûr étaient assises seules et causaient ensemble avec animation. L'une, on m'a dit le soir que c'était Mme Récamier, m'éblouit comme le plus céleste visage qui ait jamais éclairé les yeux d'un poète, trop beau, comme un éclair, pour être autre chose qu'une apparition ! La seconde, un peu massive, un peu colorée, un peu virile pour une apparition, mais avec de grands yeux noirs humides qui ruisselaient de flamme et de beauté, parlait avec vivacité et avec de gestes qui semblaient accompagner de fortes pensées ; elle se soulevait en parlant, comme si elle eût voulu s'élancer de la calèche, ses cheveux, mal bouclés, s'épandaient au vent ; elle tenait dans sa main une branche de saule qui lui servait d'éventail contre le soleil de juin. Je ne vis plus qu'elle... » (Lamartine, Souvenirs et portraits).
La belle Juliette (Gérard)
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Date de dernière mise à jour : 20/10/2019