Diderot : citations
Tome un
Amour
« Partout où il n’y aura rien, lisez que je vous aime. » (Correspondance).
Foi
« La Maréchale : Que gagnez-vous donc à ne pas croire ?
Diderot : Rien du tout, madame la Maréchale. Est-ce qu’on croit parce qu’il y a quelque chose à gagner ? » (Entretien d’un philosophe avec la Maréchale de ***)
« La pensée qu’il n’y a point de Dieu n’a jamais effrayé personne ; mais bien celle qu’il y en a un tel que celui qu’on me peint. » (L’Encyclopédie, article « Superstition »)
« Il est très important de ne pas prendre de la ciguë pour du persil mais nullement de croire ou de ne pas croire en Dieu. » (Pensées philosophiques)
Ignorance
« Je me pique d’ignorer qui l’on est, d’où l’on vient, où l’on va et pourquoi on est venu... sans en être plus malheureux, ce n’est point ma faute si j’ai trouvé ma raison muette quand je l’ai questionnée sur mon état. Toute ma vie j’ignorerai, sans chagrin ce qu’il m’est impossible de savoir. Pourquoi regretterais-je des connaissances que je n’ai pu me procurer et qui, sans doute, ne me sont pas fort nécessaires puisque j’en suis privé. » (Correspondance)
Lectures de jeunesse
« Plusieurs années de suite j’ai été aussi religieux à lire un chant d’Homère avant de me coucher, que l‘est un bon prêtre à réciter son bréviaire. J’ai sucé de bonne heure le lait d’Horace et de Virgile, d’Homère, de Térence, d’Anacréon, de Platon, d’Euripide, coupé avec celui de Moïse et des prophètes. » (Correspondance)
Le Neveu de Rameau
« Celui qui serait sage n’aurait point de fou. Celui donc qui a un fou n’est pas sage ; s’il n’est pas sage il est fou, et, peut-être, fût-il roi, le fou de son fou. »
« Mes pensées, ce sont mes catins. »
Mariage
Ô la sotte condition des hommes ! Mariez-vous, vous courez le risque d’une vie malheureuse, ne vous mariez pas, vous êtes sûr d’une vie dissolue et d’une vieillesse triste. Ayez des enfants, ils sont plats, sots, méchants, et vous commencez par vous en affliger et finissez par ne plus vous en soucier. N’en ayez point, vous en désirez. Ayez-en d’aimables, le moindre accident qui leur survient vous trouble la tête ; vous vous levez du matin, vous vous asseyez à votre bureau pour travailler, rien ne vous vient. Et voilà précisément le rôle que je tiens. » (Correspondance)
« Un homme de lettres sensé peut être l’amant d’une femme auteur d’un livre mais ne doit épouser que celle qui sait coudre une chemise[1]. » (Correspondance)
Passion
« Nous ressemblons à de vrais instruments dont les passions sont les cordes. Un homme sans passion est un instrument dont on s coupé les cordes ou qui n’en eut jamais. » (Pensées philosophiques)
Séduction
« Tu recules à l’aspect de leurs cheveux ébouriffés et de leurs vêtements déchirés. C’est ainsi que j’étais quand j’étais jeune, et c’est ainsi que je plaisais, même aux femmes et aux filles de ma province. Elles m’aimaient mieux débraillé, sans chapeau, quelques fois sans chaussures, en veste et pieds nus, moi, fils d’un artisan que ce petit monsieur bien vêtu, bien poudré, bien frisé, tiré à quatre épingles, le fils de madame la présidente du bailliage. » (Correspondance)
J’allais, en hiver, par la saison la plus rigoureuse, réciter à haute voix des rôles de Molière et de Corneille dans les allées solitaires du Luxembourg. Quel était mon projet ? d’être applaudi ? Peut-être. De vivre familièrement avec les femmes de théâtre que je trouvais infiniment aimables et que je savais très faciles ? Assurément. Je ne sais ce que je n’aurais pas fait pour plaire à la Gaussin, qui débutait alors et qui était la beauté personnifié ; à la Dangeville, qui avait tant d’attraits sur scène. » (Correspondance)
Sang-froid
« On me dira des injures mis les injures ne sont pas des pierres. Rien ne me blesse. » (Correspondance)
Sources : extraits cités par Sophie Chauveau, Diderot, le génie débraillé, tome 1, Éditions Télémaque, 2009.
[1] On pense à Rousseau et Thérèse, ancienne servante d’auberge, à Goethe et Christiane Vulpius, ancienne fleuriste. Diderot épouse une lingère.
Tome deux
Le moraliste
* « J’ai été forcé toute ma vie de suivre des occupations auxquelles je n’étais pas propre, et de laisser de côté celles où j’étais appelé par mon goût, mon talent et quelque espérance de succès. Je me crois passable moraliste, parce que cette science ne suppose qu’un peu de justesse dans l‘esprit, une âme bien faite, de fréquents soliloques et la sincérité la plus rigoureuse avec soi-même, savoir s’accuser et ignorer l’art de s’absoudre. » (Correspondance)
* « J’étais bien jeune lorsqu’il me vint en tête que la morale entière consistait à prouver aux hommes qu’après tout pour être heureux on n’avait rien de mieux à faire dans ce monde que d’être vertueux. Tout de suite je me mis à méditer cette question et je la médite encore. » (Sur les caractères).
Amour
* « Je fais bien de ne pas rendre l’accès de mon cœur facile, quand on y est une fois entrée on n’en sort pas sans le déchirer. C’est une plaie qui ne cautérise jamais bien. » (Correspondance, Lettre à Sophie Volland).
* « Ne me sachez point de gré ; c’est pour moi et non pour vous que je vous dis que je vous aime de toute mon âme ; que vous m’occupez sans cesse ; que vous me manquez à tout moment ; que l’idée que je ne vous ai plus me tourmente même quelquefois à mon insu ; que si d’abord je ne sais ce que je cherche, à la réflexion je trouve que c’est vous ; que si je veux sortir sans savoir pourtant où aller, à la réflexion je trouve que c’est où vous étiez. » (ibidem).
Famille
« Voilà le dernier coup qui me restait à recevoir : mon père est mort je ne sais ni quand ni comment. » (Correspondance).
Pauvreté
« Et j’entends par indigent quelqu’un qui demande. » (Supplément au voyage de Bougainville).
Caractère excessif
« Je ne sais rien prendre modérément, ni la peine ni le plaisir. » (Correspondance)
Voyage (en Russie)
« C’est une sotte chose que de voyager. J’aimerai autant un homme qui pouvant avoir une compagnie charmante dans un coin de sa maison passerait toute sa journée à descendre du grenier à la cave et à remonter de la cave au grenier. » (ibidem)
Mort
* « Pourrir sous du marbre ou pourrir sur de la terre c’est toujours pourrir. » (Le Neveu de Rameau).
* « Quand je me promets une vie heureuse je me la promets longue. » (Correspondance).
* « On ne veut pas mourir et l’on finit toujours un jour trop tôt. Un jour de plus, et l’on eût découvert la quadrature du cercle. » (ibidem).
Sources : extraits cités par Sophie Chauveau, Diderot, le génie débraillé, tome 2, Éditions Télémaque, 2009.
Pour terminer
* « Quand on écrit des femmes, il faut tremper sa plume dans l'arc-en-ciel et jeter sur sa ligne la poussière des ailes de papillon."
* « Lecteur, vous me traitez comme un automate, cela n’est pas poli ; dites les amours de Jacques, ne dites pas les amours de Jacques […] Il faut sans doute que j’aille quelquefois à votre fantaisie ; mais il faut que j’aille quelquefois à la mienne, sans compter que tout auditeur qui me permet de commencer un récit s’engage d’entendre la fin […] Lecteur, vous êtes d’une curiosité bien incommode ! Et que diable cela vous fait-il ? » (D. Diderot, Jacques le Fataliste et son maître).
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Date de dernière mise à jour : 02/08/2023