Turcaret (Lesage)
La comédie Turcaret, de Lesage, est donnée en 1709, au milieu de la guerre de succession d’Espagne : le peuple est à bout et considère les financiers qui afferment les impôts (Louis XIV a besoin d’argent) comme les auteurs de sa misère. D’où le ton amer de la pièce, que nous allons analyser du point de vue des femmes.
La Baronne, jeune veuve et aventurière sans scrupules fait la conquête du financier Turcaret, riche à millions. En attendant qu’il l’épouse, elle lui tire tout l’argent qu’elle peut, le distribuant à un certain petit-maître, le Chevalier qui joue gros jeu et pour lequel elle a un faible et qu’elle fait passer pour son cousin. Elle ignore qu’il dit à son valet Frontin : « Nous plumons une coquette ; la coquette mange un homme d’affaires ; l’homme d’affaire en pille une autre : cela fait un ricochet de fourberies le plus plaisant du monde. »
La Baronne a congédié sa suivante Marine que Frontin s’empresse de remplacer par sa « protégée » Lisette. Marine se venge en dénonçant à Turcaret le double jeu de la Baronne : il vient chez elle faire une belle scène mais elle le berne facilement, obtient des excuses et se moque ouvertement de lui : « Convenez que vous êtes un homme bien faible. – Oui, madame. – Une franche dupe. – J’en conviens. » Il se fait pardonner par de nouveaux cadeaux. Pour mieux le plumer, il s’agit maintenant de faire entrer Frontin à son service.
Voilà que Mme Turcaret est à Paris, ce qui émeut notre gros et vaniteux Turcaret : la baronne a été flouée ; non, Turcaret n’est pas veuf, il paie une pension à son épouse pour qu’elle reste en province. Or, la pension n’a pas été payée depuis quinze mois et elle vient la réclamer à Turcaret. Vite, il faut la payer ! Trop tard !
Lors d’un souper organisé par le Chevalier qui réunit Turcaret, le Chevalier et la Baronne, un jeune libertin amène « une grande et grosse madame » qui se fait passer pour une comtesse dans sa province et dont il feint d’être amoureux : c’est madame Turcaret !
Faute mutuelle des deux époux et reproches accablants. Mais on apprend que Turcaret est ruiné. Grand désarroi ! La baronne s’aperçoit alors qu’elle-même était la dupe du chevalier, qui a soi-disant dilapidé tout l’argent. Bref...
Le valet Frontin et la suivante Lisette, ne sont pas en reste de turpitudes. Tableau réaliste des mœurs contemporaines corrompues où l’argent est roi et les femmes sans scrupules.
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