Clarissa Harlowe (Richardson)
Clarissa Harlowe de Richardson (1748) est un roman épistolaire tout comme Pamela. Il est très vite traduit en France où il devient un best-seller, au même titre que Les Liaisons dangereuses et Julie ou La Nouvelle Héloïse, plus tardifs.
Lovelace, le héros, trompe la naïve Clarissa et l'enlève, mais celle-ci reconnaît en lui un suborneur et refuse de l'épouser. Le séducteur, qui voit son inclination se transformer en passion, ne recule devant rien pour se rendre maître de la jeune fille, mais est contraint de s'incliner devant la puissance de la vertu et ne réussit qu'à conduire Clarissa à la mort.
On peut remarquer qu'en dépit de leur notoriété, ni « Merteuil », ni « Valmont » des Liaisons ne sont devenus des noms communs et n'ont pas partagé le destin de leurs plus remarquables modèles : un lovelace désigne un séducteur libertin, un suborneur de femmes innocentes et vertueuses. Le terme est composé de love [amour] et de lace [lien] et repose sans doute sur un jeu de mots : less [sans].
Un don Juan désigne un séducteur libertin et sans scrupule et produit toute une famille de dérivés : donjuanesque, donjuanisme...
Rousseau admire l'ouvrage : « Jamais on n'a écrit en aucune langue un roman égal, ou même qui en approche », écrit-il dans la Lettre à d'Alembert (1758).
Diderot écrit en 1761 : « O Richardson, homme unique à mes yeux, tu seras ma lecture dans tous les temps ! Forcé par des besoins pressants, je vendrai mes livres. Mais tu me resteras, tu me resteras sur le même rayon avec Moïse, Homère, Euripide et Sophocle. » Il écrit son Éloge de Richardson (1762), fustigeant les codes romanesques convenus : « Par un roman, on a entendu jusqu'à ce jour un tissu d'événements chimériques et frivoles, dont la lecture était dangereuse pour le goût et pour les mœurs. » Richardson apporte un sang neuf. Il poursuit : « Je n’aime pas les romans, à moins que ce ne soient ceux de Richardson. Je fais l’histoire. [...] Mon projet est d’être vrai. »
* * *
Date de dernière mise à jour : 31/07/2023