Pamphlets sur les favorites
Les pamphlets clandestins étaient monnaie courante en ce siècle éclairé. Le roi et son entourage en avaient l'habitude. Bien avant la Révolution et les horreurs débitées sur Marie-Antoinette, les favorites en eurent leur lot…
* Voici un pamphlet datant de 1749 sur la cour de Versailles et Mme de Pompadour :
« Autrefois de Versailles
Nous venait le bon goût,
Aujourd'hui la canaille
Règne et tient le haut bout.
Si la Cour se ravale,
De quoi s'étonne-t-on ?
N'est-ce pas de la Halle
Que nous vient le Poisson (1) ? »
* Un autre sur Mme du Barry (1768) :
« Quelle merveille !
Une fille de rien,
Une fille de rien,
Quelle nouvelle !
Donne au Roi de l'amour,
Est à la Cour.
Elle est gentille,
Elle a les yeux fripons,
Elle excite avec art
Un vieux paillard. »
* ou encore :
« Je sais qu'autrefois les laquais
Ont fêté ses jeunes attraits
Que les cochers, les perruquiers
L'aimaient, l'aimaient d'amour extrême
Mais pas autant que je ne l’aime ;
Avez-vous vu ma du Barry ? »
* Et aussi (texte attribué à Voltaire)
L'Apothéose du roi Pétaud
« Il vous souvient encore de cette tour de Nesle,
Timinville, Lymal, Rouxchâteau, Papomdour (2)
Mais dans la foule enfin de peut-être cent belles
Qu'il honora de son amour,
Vous distinguez, je crois, celle qu'à notre cour
On soutiendrait n'avoir jamais été cruelle,
Qui, dans Paris, ne connaît ses appas,
Du laquais au marquis, chacun se souvient d'elle. »
* Et encore :
« Sans esprit, sans talents, dus sein de l'infamie
Jusques au trône où on la porta ;
Contre une Cabale ennemie
Jamais elle ne complota ;
Et de l'ambition ignorant les alarmes,
Jouet des intrigants, régna par ses seuls charmes. »
* Sur Louis XV enfin, en manière d'épitaphe (1774) :
« Remplissant ses honteux destins,
Louis a fini sa carrière.
Pleurez, coquins ; pleurez, putains ;
Vous avez perdu votre père. »
Dans Les Anecdotes sur Mme la comtesse du Barry, on parlait, entre autres, de la dégradation de la politique et de la monarchie avec ces exemples bien connus :
* « Dans l’intimité des petits appartements, le roi aimait se divertir en faisant lui-même du café. Un jour, par distraction il laissa le café déborder, et Mme du Barry s’écria : « Eh ! La France, prends donc garde, ton café fout le camp » [Mme du Barry donnait le surnom de La France au roi, accompagné du tutoiement familier].
*« Avant la chute du duc de Choiseul et de son cousin, le duc de Choiseul-Praslin, ministre de la Marine, Mme du Barry s’amusa en saisissant deux oranges pour les presser et les lancer en l’air en criant : « Saute, Choiseul ! Saute, Praslin ! » [« Sauter » signifiait alors renvoyer un ministre. Ceci est totalement faux : Mme du Barry, à la différence de Mme de Pompadour, ne s'est jamais mêlée de politique.]
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Notes:
(1) Les dames de la Halle étaient réputées pour leur franc-parler et leurs manières communes. Poisson est le patronyme de Mme de Pompadour.
(2) Mmes de Vintimille, Mailly, Châteauroux, Pompadour
Sources : François Bluche, Louis XV, Perrin, 2000.
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Date de dernière mise à jour : 28/10/2017