Analyse du grand portrait de Mme de Pompadour par de La Tour
Ombrageux, La Tour retarda ses rendez-vous de pose (deux ans !) pour se venger du roi. On rapporte en effet que La Tour, ayant demandé à Louis XV comment se portait sa marine, celui-ci répondit : « J'ai celle de Vernet ! » Quel camouflet pour le pastelliste, peu à l'aise avec les paysages, les ciels orageux et les bateaux en détresse ! Finalement, il peignit le portrait (pastel) en 1755.
Une autre anecdote : Mme de Pompadour posait pour lui, le roi entra, La Tour rangea ses crayons et pinceaux et sortit en disant qu'il ne reviendrait que lorsque la marquise serait seule.
Daniel Roche écrit au sujet de ce portrait :
« Le grand portrait de Madame de Pompadour par Maurice Quentin de La Tour témoigne de cet investissement formel du décor et de l'imprimerie […] ; la femme d'esprit s'y dévoile tenant en main un cahier de musique et laissant traîner à ses pieds un carton de gravures. La protectrice des lettres s'y révèle avec ses livres préférés : La Henriade, l'Esprit des Lois, l'Encyclopédie. »
On peut ajouter quelques remarques :
- portrait « littéraire »
- robe de taffetas blanc, broché de palmes d'or, de roses crème et de corail
- aucun bijou ni ruban
- partition de musique à la main
- attitude ni provocante, ni frivole, sauf peut-être le pied gauche, cambré dans une chaussure de soie rose
- par contre, provocation dans l'affirmation de ses goûts littéraires (dédaignés à la Cour) : globe terrestre (curiosité pour le monde, ouverture d'esprit), grands volumes : on distingue le tome IV de l'Encyclopédie, écrite ici Enci Clopédie sur deux lignes du dos.
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Date de dernière mise à jour : 23/10/2019