La Leçon de géographie (analyse du tableau de P. Longhi)
Au centre du tableau et attirant les regards, d’autant qu’elle regarde elle-même le peintre et donc le spectateur, une jeune fille assise tient un globe terrestre posé sur une petite table ronde. Elle se tient au croisement de deux lignes médianes, celle qui va de l’homme assis aux deux servantes à l’arrière-plan, et celle qui va de l’homme debout à l’atlas au sol.
Sa position reflète la mode de l’époque : les femmes ne croisent jamais les jambes, par pudeur d’une part (on verrait la ligne des cuisses), par hygiène d’autre part (on soupçonne que les jambes croisées entravent tout ce qui relève du ventre).
À gauche, au premier plan, un homme assis tient un atlas ouvert ; debout près de la jeune fille, un autre homme se penche vers le globe, un lorgnon à la main. À droite et à l’arrière-plan entrent deux servantes, l’une apporte des tasses sur un plateau, l’autre apporte vraisemblablement une théière. Le thé (comme le café et le chocolat) sont alors du dernier chic. Outre le globe et l’atlas que tient l’homme de gauche, on voit au premier plan un atlas ouvert sur le sol, et à l’arrière-plan de nombreux livres entassés en désordre derrière une tenture. Nous sommes dans un univers studieux, peut-être une bibliothèque.
La jeune fille prend donc une leçon de géographie (ouverture au monde). Elle reste élégante : robe claire, cheveux poudrés et relevés, teint pâle, bouche rouge (importance du fard et de la toilette). Par contraste, la robe des servantes est d’une couleur taupe plutôt terne ; l’homme assis porte un costume marron et des bas gris comme ses cheveux ; l’homme debout est en costume gris bleuté. Ces coloris feutrés et harmonieux dépeignent une société raffinée, préoccupée non seulement par les choses de l’esprit mais également par la culture des apparences.
La lumière éclaire la jeune fille, mettant en valeur son teint de porcelaine et son maintien digne, le globe posé sur une nappe jaune clair et l’atlas ouvert au sol. Ainsi, sont valorisés la jeune élève et les objets liés au savoir, témoignant de l’importance des « lumières » au 18e siècle et de la connaissance.
Bien entendu, nous sommes dans un milieu aisé qui procure des professeurs particuliers à ces demoiselles des Lumières.
Cette scène de la vie quotidienne nous fournit de précieux renseignements
- sur la condition des femmes de la haute société : certaines recevaient une instruction soignée, même si cela n’était pas encore la norme ;
- sur le vêtement ;
- sur le mode de vie : on boit du thé (mode de l'exotisme) ;
- sur l'importance de l'ouverture au monde. Louis XVI, ce « voyageur immobile », adore la géographie et soutient les explorateurs.
Sources : Hatier, collection Colibris, classe de 3e. J’ai remanié le texte, adapté à de jeunes adolescents.
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Date de dernière mise à jour : 15/09/2019