Education Marie-Antoinette
Marie-Antoinette, une tête à vent ?
La comtesse von Brandeiss, chargée de l'éducation de la jeune Antonia, est très (trop ?) indulgente, se contentant de quelques principes religieux et moraux et abrégeant les heures de lecture et d’écriture.
Mais lorsque le mariage avec le dauphin de France est envisagé, l’impératrice Marie-Thérèse se penche sur l’éducation de sa fille qui sait à peine lire et écrire les trois langues pratiquées à la cour de Vienne (français, allemand, italien).
On lui fait donner des leçons de diction par deux comédiens français séjournant alors à Vienne. Arrive ensuite de France l’abbé Vermond, son précepteur, qui constate qu’elle est rebelle à toute contrainte, qu’on ne « peut appliquer son esprit qu’en l’amusant », parce qu’elle n’a été accoutumée à aucun effort et qu’elle est marquée par « un peu de paresse et beaucoup de légèreté. »
Il parvient toutefois à lui imposer un programme sérieux : étude de la religion, de la langue, de la littérature et de l’histoire françaises. Il s’agit de l’amuser : écourtant les heures d’étude, il les remplace par de longues causeries, lui raconte des anecdotes. Finalement, Antonia se révèle plus douée qu’il ne le pensait : « Elle m’entend bien lorsque je lui présente des idées éclaircies ; son jugement est toujours juste mais je ne peux l’accoutumer à approfondir un objet, quoique je sente qu’elle en est capable. »
Superficielle, sans nul doute. Quant au jugement soi-disant toujours juste, on sait que la suite lui donnera tort...
Marie-Thérèse connaît bien sa fille, « une tête à vent » (1) lorsqu'elle arrive à Versailles à l'âge de quinze ans. Aussi, lors de son départ de Vienne, elle lui remet un Règlement à lire tous les mois. En voici un extrait :
« Vous vous recueillerez pendant le jour le plus souvent que vous pourrez, surtout à la sainte messe. J’espère que vous l’entendrez avec édification tous les jours, et même deux les dimanches et les jours de fête, si c’est coutume à votre cour. Autant que je souhaite que vous soyez occupée de la prière et bonne lecture, aussi peu voudrais-je que vous pensiez introduire ou faire autre chose que ce qui est de coutume en France ; il ne faut prétendre rien de particulier, ni citer ce qui est ici d’usage, ni demander qu’on l’imite ; au contraire il faut se prêter absolument à ce que la Cour est accoutumée à faire. Allez, s’il se peut, l’après-dînée, et surtout tous les dimanches, aux vêpres et au salut. Je ne sais pas si la coutume est en France de sonner l’angélus ; mais recueillez-vous alors, sinon en public, du moins dans votre cœur. Il en est de même pour le soir ou en passant devant une église ou une croix, sans vous servir cependant d’aucune action extérieure que de celles qui sont de coutume. Cela n’empêche pas que votre cœur ne puisse se concentrer et faire intérieurement des prières, la présence de Dieu étant en effet le moyen unique dans toutes les occasions ; votre incomparable père possédait en perfection cette qualité. En entrant dans les églises, soyez d’abord pénétrée du plus grand respect et ne vous laissez pas aller à vos curiosités, qui causent les distractions. Tous les yeux seront fixés sur vous, ne donnez point sujet de rumeur, motif de scandale. Soyez pieuse, respectueuses, modeste et docile. Mais surtout pieuse. Enfin, je dirai, pour me résumer, et sûre que si vous ne bougez pas de là, rien de fâcheux n’adviendra ; tant que vous pouvez, ma fille, restez à genoux… »
Au fil du temps, Marie-Antoinette, lasse des conseils de sa mère prodigués généreusement par courrier (lire la correspondance complète, préfacée et annotée par Evelyne Lever), se détourne de ses devoirs.
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Notes
(1) L'expression une tête à vent vient de son frère Joseph II.
Sources : C'était Marie-Antoinette, Evelyne Lever, Fayard, 2006.
Date de dernière mise à jour : 15/11/2017