Conversations et salons
La culture française, facteur de civilisation en Europe
La civilisation française fut à l'origine d'un cosmopolitisme aristocratique où la langue, la littérature mais aussi la mode et les arts s'assurèrent la préférence.
« Les Français ont été, depuis plus de cent cinquante ans, le peuple qui a le plus connu la société, qui en a le premier écarté toute gêne », cite [1] Paul Hazard dans La pensée européenne au XVIIIe siècle (Fayard, 1963).
Il explique ainsi la prééminence de la France, considérée comme un idéal, dans la formation d’une société européenne :
« Paris était comme un grand salon, où il faisait bon causer, briller, écouter seulement. Ceux qui avaient eu la douceur d’y vivre [2], quand ils s’en allaient sans retour, gardaient la nostalgie du Paradis perdu : tel l’abbé Galiani [3], qui, lorsqu’il dut regagner Naples bien malgré lui, jamais plus ne se consola. Une existence s’y organisait, meilleure, semblait-il, que celle dont le passé avait donné l’exemple ; un commercio umano, un commerce plus humain, s’y établissait ; on aurait voulu que partout fût suivi cet exemple. L’aristocratie, la haute bourgeoisie des diverses nations, faisaient de leur mieux pour attirer chez elles ceux qui avaient su bâtir cet édifice heureux. Cela commençait par l’aménagement de la maison et par la parure des personnes, par l’œuvre des cuisiniers, des sommeliers, des perruquiers, des tailleurs ; en prenant la frisure et l’habillement des Français, on prenait leur ton. Lorsque les couturières de la rue Saint-Honoré envoyaient dans les grandes villes de l’étranger, pour être exposée aux vitrines, la poupée habillée à la dernière mode de Paris, elles exerçaient leur part d’influence sociale : comme les modistes ; comme les maîtres à danser. Cela continuait par les comédiens, qui traversaient les cours princières, les capitales, et même qui s’y fixaient quelquefois. « Si vous voyiez notre théâtre, il vous offrirait un spectacle très risible ; vous verriez une école d’enfants. Tout le monde a son livre devant les yeux, tête baissée, sans détourner jamais les yeux pour voir la scène ; ils paraissent contents d’apprendre le français [4]. » Cela continuait par les artistes de toute espèce, qui, eux aussi, travaillaient à construire une Europe française au siècle des Lumières. Si, à titre d’expérience, on range par catégories les gallicismes qui ont pris, en ce temps-là, droit de cité hors de France, on voit comment ils appartiennent à l’art de bien manger, de se bien vêtir, de se bien présenter, de pratiquer de belles manières, de parler en homme [et en femme] du monde. »
Remarque
Au cours du siècle, Paris s'embellit avec la construction de places (la place de l'Etoile), de monuments divers (L'École Militaire, que l'on doit à Mme de Pompadour) et d'hôtels particuliers, mais elle reste dans l'ensemble un cloaque moyenâgeux où il ne fait pas bon vivre. Les rues sont sales et les odeurs immondes, comme le remarque Sébastien Mercier dans son Tableau de Paris. On délaisse le Marais, prisé par les Précieuses du siècle précédent, pour des quartiers nouveaux, comme la Chaussée d'Antin ou le Faubourg Saint-Honoré. Paris est moins peuplé que Londres mais attire toujours les étrangers et reste la capitale incontestée du monde des arts, des lettres et de la mode.
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Notes
[1] Source de la citation inconnue.
[2] On reconnaît l’expression de Talleyrand.
[3] Habitué du salon de Mme Geoffrin.
[4] Source de la citation inconnue.
Le Monde des salons (Antoine Lilti, Fayard, 2005)
Voici la présentation de l'éditeur :
« Il est banal de dire que le 18e siècle a vu se déplacer la vie sociale de la Cour vers la Ville, de Versailles vers Paris. Mais il ne suffit pas d'énumérer des anecdotes prenant pour cadre les salons de Mme du Deffand et de Mme Geoffrin, et de citer les écrivains ou les artistes qui les ont fréquentés. Ce qu'il faut comprendre, c'est la signification historique d'une forme de sociabilité. Ce livre offre, pour la première fois, une véritable histoire sociale et culturelle des salons parisiens du 18e siècle, et permet de réviser de nombreuses idées reçues. Ces salons n'étaient pas, comme on le dit trop souvent, des lieux de discussion critique permettant de diffuser largement les idées des Lumières, mais bien plutôt les centres de la sociabilité mondaine, dévolus aux plaisirs de la table et du mot d'esprit, au théâtre de société comme aux intrigues politiques. C'est dans les salons que se recomposent les identités aristocratiques, que se forment les réputations littéraires et politiques, et que se prépare l'accès à la Cour. Le loisir lettré et les pratiques culturelles des salons deviennent alors un élément essentiel de la distinction aristocratique et de l'imaginaire national, tandis que de nombreux écrivains des Lumières adhèrent aux pratiques et aux idéaux des élites parisiennes et de la noblesse de Cour. Antoine Lilti propose ainsi une histoire de la mondanité au 18e siècle qui permet de comprendre comment s'est noué, durablement, dans la société et la culture françaises, le lien entre les élites du pouvoir et la littérature. »
Antoine Lilti est maître de conférences à l'École Normale Supérieure où il enseigne l'Histoire moderne. Ce livre est issu d'une thèse soutenue en 2003, sous la direction de Daniel Roche.
Langue et langage
La langue française se répand dans toute l'Europe cultivée et devient, selon Rivarol, « universelle ». Elle est du moins reconnue, de par sa clarté, pour le plus parfait instrument qui puisse servir à l'échange des idées. De nombreux étrangers s'expriment parfaitement en français. Voltaire écrit à Mme du Deffand : « Ce qui fait le grand mérite de la France, son seul mérite, son unique supériorité, c'est un petit nombre de génies sublimes ou aimables, qui font qu'on parle français à Vienne, à Stockholm, et Moscou. »
La conversation, tant sous sa forme épistolaire qu'orale, est étincelante : bons mots et traits d'esprit fusent dans les salons qui contribuent pour une grande part à son raffinement.
La seule contrainte que l'on respecte est la politesse : l'expression doit être toujours de bon goût, fine et spirituelle. Mme du Deffand n'a-t-elle pas dit à propos de L'Esprit des lois de Montesquieu : « C'est de l'esprit sur les lois » ?
Retenons cette pensée de Condillac (L'Art d'écrire) : « Les rhéteurs distinguent bien des espèces de tropes ; mais il est inutile de les suivre dans tous ces détails. C'est uniquement à la liaison des idées à vous éclairer sur l'usage que vous en devez faire ; et quand vous saurez appliquer ce principe, il vous importera peu de savoir si vous faites une métonymie, une métalepse, une litote, etc. Gardez-vous bien de mettre ces noms dans votre mémoire. »
Conversation dans les salons parisiens (Sébastien Mercier)
Sébastien Mercier écrit dans son Tableau de Paris :
« Avec quelle légèreté on ballotte à Paris les opinions humaines ! Dans un souper, que d’arrêts rendus ! On a prononcé hardiment sur les premières vérités de la métaphysique, de la morale, de la littérature et de la politique : l’on a dit du même homme, à la même table, à droite qu’il est un aigle, à gauche qu’il est un oison. L’on a débité du même principe d’un côté qu’il était incontestable, de l’autre qu’il était absurde. Les extrêmes se rencontrent, et les mots n‘ont plus la même signification dans deux bouches différentes.
Mais surtout avec quelle facilité on passe d‘un objet à un autre et que de matières on parcourt en peu d’heures ! Il faut avouer que la conversation à Paris est perfectionnée à un point dont on ne trouve aucun exemple dans le reste du monde. Chaque trait ressemble à un coup de rame tout à la fois léger et profond : on ne reste pas longtemps sur le même objet ; mais il y a une couleur générale qui fait que toutes les idées rentrent dans la matière dont il est question. Le pour et le contre se discutent avec une rapidité singulière. C’est un plaisir délicat qui n’appartient qu’à une société extrêmement policée, qui a institué des règles fines toujours observées. L’homme qui n’a point ce tact, avec de l’esprit d’ailleurs (1), est aussi muet qu’il s’il était sourd.
On ne sait par quelle transition rapide on passe de l’examen d’une comédie à la discussion des affaires des Insurgents comment on parle à la fois d’une mode et de Boston, de Desrues (2) et de Franklin. L’enchaînure est imperceptible ; mais elle existe aux yeux de l’observateur attentif : les rapports, pour être éloignés, n’en sont pas moins réels ; et si l’on est né pour penser, il est impossible alors de ne pas apercevoir que tout est lié, que tout se touche, et qu’il faut avoir une multitude d’idées pour enfanter une bonne idée. Les reflets, au moral comme au physique, se prêtent des lumières mutuelles.
Rien de plus délicieux que de se promener, pour ainsi dire, au milieu des pensées diverses de ses voisins ; de voir si souvent l’habit qui parle encore plus que l’homme : tel ne vous répond pas, répond à sa propre pensée, et n’en répond que mieux. Le geste au lieu du discours est quelquefois remarquable ; mille faits particuliers suppléent au défaut de la mémoire et de la lecture ; et la connaissance des hommes et les choses s’apprend mieux dans un cercle que dans les meilleurs livres. »
(Sébastien Mercier, Tableau de Paris, tome I, 8, De la conversation)
Et ailleurs (Tableau de Paris 1783) :
« Le beau monde consacre quatre ou cinq heures deux ou trois fois la semaine à faire des visites. Les équipages courent toutes les rues de la ville et des faubourgs. Après bien des reculades, on s'arrête à vingt portes « pour s'y faire écrire » ; on paraît un quart d'heure dans une demi-douzaine de maisons ; c'est le jour de la maréchale, de la présidente, de la duchesse ; il faut paraître au salon, saluer, s'asseoir tour à tour sur le fauteuil vide, et l'on croit sérieusement pouvoir cultiver la connaissance de cent soixante à quatre-vingts personnes. Ces allées et venues dans Paris distinguent un homme du monde ; il fait tous les jours dix visites, cinq réelles et cinq en blanc ; et lorsqu'il a mené cette vie ambulante et oisive, il dit avoir rempli les plus importants devoirs de la société. »
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Notes
(1) On pense à Saint-Preux dans La Nouvelle Héloïse.
(2) Desrues : empoisonneur exécuté en 1777.
Conversation mondaine (Diderot, Lettre à Sophie Volland)
Dans une lettre à Sophie Volland du 20 octobre 1760, Diderot réfléchit sur la conversation mondaine, forcément éclectique et disparate, qu’il considère comme « le babil de dessous la cheminée. » Nous sommes dans la maison de campagne du baron d’Holbach, en présence notamment de Mme Geoffrin, du baron Grimm et de l’abbé Galiani. La lettre comptant douze pages, en voici un court extrait :
« C’est une chose singulière que la conversation, surtout lorsque la compagnie est un peu nombreuse. Voyez les circuits que nous avons faits ; les rêves d’un malade en délire ne sont pas plus hétéroclites. Cependant, comme il n’y a rien de décousu ni dans la tête d’un homme qui rêve, ni dans celle d’un fou, tout se tient aussi dans la conversation ; mais il serait quelquefois bien difficile de retrouver les chaînons imperceptibles qui ont attiré tant d’idées disparates. Un homme jette un mot qu’il détache de ce qui a précédée et suivi dans sa tête ; un autre en fait autant, et puis attrape qui pourra. Une seule qualité physique peut conduire l’esprit qui s’en occupe à une infinité de choses diverses. Prenons une couleur, le jaune par exemple : l‘or et jaune, la soie est jaune, le souci est jaune, la bile est jaune, la paille est jaune : à combien d’autres fils ce fil ne répond-il pas ? La folie, le rêve, le décousu de la conversation consistent à passer d’un objet à un autre par l’entremise d’une qualité commune. »
Et Rousseau, cet éternel misanthrope ?
Le jeune Rousseau arrive à Paris. Mais...
On peut comparer ce passage à celui des Lettres Persanes de Montesquieu où Usbek fait part de l'accueil reçu dans les salons parisiens.
« Je fus bientôt désabusé de tout ce grand intérêt qu'on avait paru prendre à moi. Il faut pourtant rendre justice aux Français : ils ne s'épuisent point tant qu'on dit en protestations et celles qu'ils font sont presque toujours sincères ; mais ils ont une manière de paraître s'intéresser à vous qui trompe plus que des paroles. Les gros compliments des Suisses n'en peuvent imposer qu'à des sots : les manières des Français sont plus séduisantes en cela même qu'elles sont plus simples ; on croirait qu'ils ne vous disent pas tout ce qu'ils veulent faire, pour vous surprendre plus agréablement. Je dirai plus : ils ne sont point faux dans leurs démonstrations ; ils sont naturellement officieux, humains, bienveillants, et même, quoi qu'on en dise, plus vrais qu'aucune autre nation ; mais ils sont légers et volages. Ils ont en effet le sentiment qu'ils vous témoignent, mais ce sentiment s'en va comme il est venu. En vous parlant, ils sont pleins de vous ; ne vous voient-ils plus, ils vous oublient. Rien n'est permanent dans leur cœur : tout est chez eux l'oeuvre du moment. » (Les Confessions)
Sans doute... Mais tu as ta rue à Paris, Jean-Jacques...
Mais hier comme aujourd'hui, les femmes sont un vecteur d'apprentissage pour les jeunes hommes. Rousseau en témoigne ici :
« Autant à mon précédent voyage j’avais vu Paris par son côté défavorable, autant à celui-ci [1] je le vis par son côté brillant. […]
Mme de Boze était brillante et petite maîtresse. J’y dînais quelquefois On ne saurait avoir l’air plus gauche et plus sot que je l’avais vis-à-vis d’elle. Son maintien dégagé m’intimidait et rendait le mien plus plaisant. […]
J’attendais tranquillement la fin de mon pécule […]. Le P. Castel me dit : « Changez de corde et voyez les femmes. Vous réussirez peut-être mieux de ce côté-là. J’ai parlé de vous à Mme de Besenval, allez la voir de ma part. C’est une bonne femme qui verra avec plaisir un pays de son fils et de son mari. Vous verrez chez elle Mme de Broglie, sa fille, qui est une femme d’esprit. Mme Dupin en est une autre à qui j’ai aussi parlé de vous : portez-lui votre ouvrage [2] ; elle a envie de vous voir et vous recevra bien. On ne fait rien dans Paris que par les femmes. Ce sont comme des courbes dont les sages sont les asymptotes ; ils s’en approchent sans cesse, mais ils n’y touchent jamais. » […]
Mme Dupin [3] était, comme on sait, fille de Samuel Bernard et de Mme Fontaine. Elles étaient trois sœurs qu’on pouvait appeler les trois Grâces. Mme de la Touche qui fit une escapade en Angleterre avec le duc de Kingston ; Mme d’Arty, la maîtresse et, bien plus, l’amie, l’unique et sincère amie de M. le prince de Conti, femme adorable autant par la douceur, par la bonté de son charmant caractère, que par l’agrément de sone esprit et par l’inaltérable gaieté de son humeur ; enfin, Mme Dupin, la plus belle des trois, et la seule à qui l’on n’ait point reproché d’écart dans sa conduite […]. Elle était encore, quand je la vis pour la première fois, une des plus belles femmes de Paris. Elle me reçut à sa toilette. Elle avait les bras nus, les cheveux épars, son peignoir mal arrangé. Cet abord n’était très nouveau ; ma pauvre tête n’y tint pas ; je me trouble, je m’égare, et bref me voilà épris de Mme Dupin.
Mon trouble ne parut pas me nuire auprès d’elle, elle ne s’en aperçut point […]. Elle me permit de la venir voir : j’usai, j’abusai de la permission. J’y allais presque tous les jours, j’y dînais deux à trois fois la semaine. Je mourais d’envie de parler ; je n’osais jamais. Plusieurs raisons renforçaient ma timidité naturelle. L’entrée d’une maison opulente était une porte ouverte à la fortune ; je ne voulais pas, dans ma situation, risquer de ma la fermer. Mme Dupin, tout aimable qu’elle était, était sérieuse et froide ; je ne trouvais rien dans ses manières d’assez agaçant pour m’enhardir. Sa maison, aussi brillante alors qu’aucune autre dans Paris, rassemblait des sociétés auxquelles il ne manquait que d’être un peu moins nombreuses pour être l’élite dans tous les genres. Elle aimait à voir tous les gens qui jetaient de l’éclat, les grands, les gens de lettres, les belles femmes. On ne voyait chez elle que ducs, ambassadeurs, cordons bleus [4]. Mme la princesse de Rohan, Mme la comtesse de Forcalquier, Mme de Mirepoix, Mme de Brignolé, milady Hervey pouvaient passer pour ses amies. M. de Fontenelle, l’abbé de Saint-Pierre, l’abbé Sallier, M. de Fourmont, M. de Bernis, M. de Buffon, M. de Voltaire étaient de son cercle et de ses dîners. »
[Mais Rousseau fait chou blanc auprès d‘elle].
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[1] A l’automne 1741.
[2] Un ouvrage sur une nouvelle théorie musicale.
[3] Femme de Claude Dupin, fermier général et secrétaire du roi.
[4] Chevaliers de l’ordre du Saint-Esprit.
Jeux de salon
Très à la mode dans les salons précieux du siècle précédent, les jeux de salon sont toujours de mise au 18e siècle. Il s'agit de mettre en valeur son esprit mais également sa connaissance de la langue française.
* On se passionne pour les bouts rimés, la liste des mots à la rime étant imposée (voir exemple).
* On joue à « J'aime ma maîtresse » par A, par B, etc. Il s'agit de trouver une raison par lettre de l'alphabet pour faire l'éloge d'une dame aimée.
* Le portrait est aussi très apprécié. Il mêle sociabilité et écriture. Mme du Deffand passe pour une spécialiste du genre. Elle trace donc le portrait de Mme de Staal-Delaunay, femme de chambre (entendez dame de compagnie) de la duchesse du Maine, qui ne s'en satisfait pas et lui répond par son propre autoportrait que voici :
« Delaunay est de moyenne taille, maigre, sèche et désagréable. Son caractère et son esprit sont comme sa figure ; il n'y a rien de travers, mais aucun agrément. Sa mauvaise fortune a beaucoup contribué à la faire valoir. La prévention où l'on est que les gens dépourvus de naissance et de bien ont manqué d'éducation fait qu'on leur sait gré du peu qu'ils valent : elle en a pourtant eu une excellente, et c'est d'où elle a tiré tout ce qu'elle peut avoir de bon, comme les principes de vertu, les sentiments nobles et les règles de conduite que l'habitude à les suivre lui a rendu comme naturels. Sa folie a toujours été de vouloir être raisonnable ; et comme les femmes qui se sentent serrées dans leur corps s'imaginent être de belle taille, sa raison l'ayant incommodée, elle a cru en avoir beaucoup. Cependant elle n'a jamais pu surmonter la vivacité de son humeur, ni l'assujettir du moins à quelque apparence d'égalité ; ce qui souvent l'a rendue désagréable à ses maîtres, à charge dans la société, et tout à fait insupportable aux gens qui ont dépendu d'elle : heureusement la fortune ne l'a pas mise en état d'en envelopper plusieurs dans cette disgrâce. Avec tous ses défauts, elle n'a pas laissé d'acquérir une espèce de réputation qu'elle doit uniquement à deux occasions fortuites, dont l'une a fait connaître ce qu'elle pouvait avoir d'esprit, et l'autre a fait remarquer en elle de la discrétion et que des religieuses qui soient capables. » (Mémoires).
* Les charades
* Les synonymes : exercice grammatical qui consiste à donner deux synonymes en insistant sur les nuances qui les séparent. En virtuose de la langue, Julie de Lespinasse apprécie beaucoup ce jeu, Mme de Staël également, qui s'exerce sur « véracité et franchise » puis sur « trait et saillie ».
Salons des Lumières
Cet article signé par moi-même figure sous le titre "Des salons à la pointe du progrès" sur le site Hérodote
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Date de dernière mise à jour : 08/04/2020