« Connaître sert beaucoup pour inventer. » (Mme de Staël)

Nourrissons

Allaitement des nouveau-nés

Jeune femme allaitant   Le nouveau-né qui réclame souvent la tétée est considéré comme en bonne santé. Il est nourri à la demande, sans horaires fixes, selon le principe que l’appétit ressenti indique la fin de la digestion de la précédente tétée.

   Mais la médecine condamne la suralimentation des bébés par les paysannes, comme le déclare le médecin suisse Tissot dans son Avis au peuple sur sa santé (1761) : « Je ne sais par quelle tendresse pernicieuse et insensée, l’on croit que le comble du bonheur pour les enfants, c’est de beaucoup manger. L’on s’imagine, que plus ils mangent, plus ils se fortifient ; il n’y a point de préjugé qui détruise plus d’enfants. Ces aliments, qu’ils ne digèrent pas, ruinent leurs estomacs, produisent des obstructions, les affaiblissent et les jettent dans une fièvre lente qui les conduit à la mort. »

   Mais pour les mères et les nourrices, hoquet et vomissement sont des signes de bonne santé : l’enfant est suffisamment alimenté puisqu’il rejette la nourriture, selon le proverbe en vogue au 18e siècle : « Enfant jetant, enfant bien venant ».  Les renvois indiquent la satiété.

   Très tôt, la prise du sein est accompagnée de bouillies, parfois dès les premières semaines. Il ne faut pas oublier en effet le spectre de la faim qui sévit dans la société d’Ancien Régime parmi les classes populaires, à la recherche de nourritures lourdes qui tiennent au corps et appliquant le proverbe « Pain d’homme et lait de femme font venir les enfants forts ».

   Cette culture alimentaire perdure de nos jours dans les classes défavorisées.

Sources : Gourmandise, histoire d’un péché capital, Florent Quellier, Armand Colin, 2010.

Métier disparu : les nourrices

   Les femmes de la haute société ont recours aux nourrices depuis toujours. À la fin du siècle cependant, en partie grâce à l’influence de Rousseau, on voit apparaître des critiques sur cette pratique ancestrale.

   La mode des grands décolletés n’est pas étrangère au refus d’allaiter soi-même : une belle poitrine est tout aussi importante qu’une peau laiteuse ou des cheveux soyeux. Dès la fin de la grossesse, les femmes utilisent toutes sortes de techniques pour couper le lait et faire diminuer leurs seins. On peut par exemple appliquer de la ouate autour du mamelon, ou une peau de lièvre enduite de pommade. Ces méthodes provoquent de nombreuses infections et inflammations et entraînent souvent l’apparition de tumeurs.

   Les médecins croient que le lait se transforme en sang dans le corps du bébé, lui transmettant ainsi les caractéristiques ou les maladies de la femme qui allaite. Les critères pour le choix d’une nourrice sont donc extrêmement précis. On exclut d’emblée les rousses, les femmes avec des taches de rousseur ou de naissance. La taille et l’intelligence entrent également en ligne de compte.

   Le type de nourrice le plus recherché est une jeune femme d’une vingtaine d’années, à la peau claire, aux yeux bleus, aux cheveux bruns et au tempérament agréable.

   Les Normandes sont également très recherchées, bien qu’elles aient les cheveux clairs. Fait-on l’amalgame entre la Normandie et le lait de vache ?...

Sources : Marie-Madeleine Mercier, nourrice de Louis XV (Odile Caffin-Carcy, Perrin, 2002). 

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Date de dernière mise à jour : 16/11/2017