Le poêle ? Un luxe dans la cuisine
Dans ses Tableaux de Paris, Sébastien Mercier se lamente de la disparition des cheminées au profit du poêle et accuse le luxe qui s'installe :
« Plus économes ou plus aguerris contre la froidure, nos pères ne se chauffaient presque point. Trois feux, en comptant celui de la cuisine, suffisaient dans une maison qui renfermait dix-huit ou vingt maîtres et quels maîtres ! Ceux qui occupaient les premières places de l'État. Les jambes enfermées dans une peau d'ours, ils bravaient également et le froid le plus piquant et l'Académie royale d'architecture. [...] Le luxe a tout perverti parmi nous, il a allumé dans tous les coins de nos demeures des feux inextinguibles, et promené la hache dans nos forêts, devenues bientôt insuffisantes. »
Poêles et fourneaux révolutionnent même les mœurs du peuple : les femmes se tiennent debout dans la cuisine ! Faut-il le regretter ?
Dans son ouvrage Histoire des choses banales (Fayard, 1997), Daniel Roche précise que sous Louis XVI, le prix des poêles (fer-blanc, terre vernissée, fonte ou faïence) varie de 10 à 100 livres et que 30 % des foyers populaires en possèdent, alors que sous Louis XIV, le pourcentage n'était que de 4 %. Allons, le luxe a du bon !
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