Frugalité de Marie-Antoinette
En général
Marie-Antoinette mange peu, de préférence des volailles bouillies. Sa boisson préférée est l’eau de Ville-d’Avray. Elle est en effet habituée depuis son enfance à une hygiène alimentaire saine, grâce au docteur van Swieten qui soigne la famille impériale à Vienne : potages, œufs, légumes et fruits. Très peu de viande et de ragoûts. Toutefois, le matin, elle boit une tasse de chocolat et avale avec délices un petit pain viennois. Lors des festins à la cour ou des repas « au grand couvert », elle picore.
Les macarons présents dans le film de Sofia Coppola sont une pure invention.
On dispose d’un menu établi pour la journée du 24 juillet 1788 à Trianon où Marie-Antoinette, fait rarissime, invite Mesdames Tantes. En leur honneur, on double le nombre de plats. Evelyne Lever écrit (C’était Marie-Antoinette) : « Il y eut donc quatre potages, deux grandes entrées, seize entrées, quatre hors-d’œuvre, six plats de rôts, deux moyens entremets, seize petits entremets ! Ce fut donc, comme jadis à Versailles, une succession de pâtés, côtelettes, abats de mouton, dindons poêlés à la ravigote, ris de veau en papillotes, cochons de lait à la broche, canetons à l’orange, blanquette de poularde, jarret de veau, chapons panés, perdreaux, lapereaux, jambons de Westphalie, œufs brouillés, pochés, bouchées à la crème, gaufres à l’allemande, divers gâteaux et bien d’autres choses encore... »
Aux Tuileries
Le protocole est sensiblement le même qu’à Versailles, bien qu’un peu simplifié. Le roi et la reine sont obligés de dîner tous les dimanches vers cinq heures, en public. Cela ne gêne pas Louis XVI, gros mangeur, mais il déplaît à Marie-Antoinette d’être regardée comme une bête curieuse pendant « que le mouvement de ses mâchoires déformait son joli visage. » Elle ne faisait donc que semblant. Et dînait ensuite en privé, beaucoup plus à l’aise.
Louis-Sébastien Mercier a noté, dans ses Tableaux de Paris, qu’à l’instar de la reine, toutes les dames de la cour trouvaient ignobles de mâcher comme le vulgaire. En conséquence, on mettait tous les produits alimentaires en « bouillies et en « consommés ». Il poursuit ainsi : « On vous avale un aloyau réduit en gelée. L’on ne veut point que sa bouche travaille comme celle d’une harengère avec un morceau de viande. » Et encore : « Ce que l’on désire aujourd’hui dans la noblesse, ce sont des plats qui n’ont ni le nom ni l’apparence de ce que l’on mange. Si l’œil n’est pas surpris d’abord, l’appétit n’est plus suffisamment excité. Nos cuisiniers s’occupent à faire changer de figure à tout ce qu’ils apprêtent. »
Lors des semaines saintes, furent servis chez le roi et la reine des poissons en « mousse » de légumes. Légumes auxquels l’on avait procuré le goût des poissons que l’on imitait. Et Mercier ajoute : « En réalité, l’on arrivait à ne plus très bien savoir ce que l’on mangeait réellement. »
Sources : Almanach gastronomique, op.cit.
Remarque : on pense à la « nouvelle cuisine » et à la « cuisine moléculaire » !
Un dernier repas ?
Le 16 octobre 1793, jour de son exécution, la servante Rosalie lui apporte à l’aube un bouillon qu’elle ne boit pas. On connaît leur dialogue en substance :
- « Mais, Madame, vous n’avez rien pris hier soir ni grand-chose dans la journée.
- « Ma fille, je n’ai plus besoin des rien ; tout est fini pour moi. »
Durant les 74 jours passés à la Conciergerie, le Trésor ne s’est pas ruiné pour sa nourriture : la matin, une petite tasse de chocolat ; vers deux heures, une assiettée de soupe, un morceau de volaille, des légumes, un dessert. Pour le soir, parfois un peu de viande mais le plus souvent un morceau de fromage ou un fruit.
Sources : ibidem.
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Pour terminer, un joli surnom
Le chou eut des débuts décourageants. Vers 1750, lors de l'invention du fameux chou à la crème qui fit fureur à Paris comme à Versailles, la dauphine appela son fils aîné, le duc de Bourgogne, "chou d'amour". Il mourut en 1763.
Vingt ans plus tard, Marie-Antoinette cajolait du même mot le futur Louis XVII...
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Date de dernière mise à jour : 25/02/2024