Condition féminine
Une bien rude époque pour nos ancêtres !
La longue période louis-quatorzième de 1638 à 1715 est contemporaine d’importants progrès dans l’affirmation et dans la promotion féminine, au moins parmi les groupes supérieurs de la société. Les Précieuses du XVIIe siècle proposent un idéal féministe dont se moquent assez lourdement les phallocrates pot-au-feu qui hantent les comédies de Molière. Il n’est pas le seul à se défier de la gent féminine.
Certaines d’entre elles, parmi lesquelles Mmes de Sévigné, de Motteville, de La Fayette (et d’autres), prennent place parmi les grands écrivains de la France classique. Mais le pourcentage est mince.
Dans la haute bourgeoisie, la jeune fille est mobile, et même émancipée à sa façon ; elle épouse aisément grâce à sa dot, un noble prestigieux.
La difficulté commence pour les filles qui se situent déjà par leur naissance au sommet de l’échelle aristocratique ; les aînées se marient au plus haut niveau ; mais il n’est pas rare que l’on fasse épouser aux cadettes le mari suprême, qui n’est autre que Jésus-Christ ; bref, on les met au couvent.
Par ailleurs, de nombreuses bourgeoises, des femmes d’artisans à Paris ou en province connaissent les « funestes secrets » réprouvés par l’Église qui leur permettent de s’affranchir d’une trop nombreuse progéniture. La plupart des enfants sont confiés, quelques jours après leur naissance, à des nourrices qui les négligent : la mortalité infantile est très élevée, même parmi les classes favorisées. Quant aux pauvresses, elles abandonnent les nouveau-nés, au mieux dans le « tour » d’un couvent… Au siècle suivant, d’Alembert, fils de Mme de Tencin, sera abandonné sur les marches d’une église et Rousseau confiera ses rejetons aux… Enfants-Trouvés !
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Date de dernière mise à jour : 02/08/2023