Parodie du style précieux
Un poème licencieux de Perrault
Le style précieux et baroque (les deux n’étant pas antinomiques) s’adonne volontiers aux « métamorphoses » (cf. Ovide), comparant l’aimée au Soleil, au matin (cf. le sonnet des Belles matineuses), une fleur, etc., telle la Métamorphose des yeux d’Iris en astre, de l’abbé Haubert. Perrault, qui fait partie des « Modernes » se moque de l’Antiquité (cf. Querelle des Anciens et des Modernes) et réplique par la Métamorphose du cû (sic) d’Iris en astre, véritable réécriture parodique.
En voici un extrait :
Prologue : Jupiter, en proie à l’ennui, envoie Mercure sur terre afin qu’il lui rapporte quelque chose agréable à regarder.
« Mercure plus prompt qu’un éclair,
Avec ses pieds ailés fend les plaines de l’Air,
Et vient incognito descendre sur la Terre :
Et cherche, court, s’informe et se tourmente bien ;
Cependant il ne trouve rien,
Qui puisse contenter le Maître du Tonnerre.
De son malheur il se plaignait,
Et déjà de la terre en pestant s’éloignait,
Quand regardant encore ce qu’il laissait derrière,
Il aperçut dans la Rivière,
Le cû d’Iris qui se baignait.
Voilà, dit-il, mon fait, puis s’avance, examine ;
En reconnaît les traits, la blancheur, la peau fine.
Et quand il eut bien raisonné,
Le juge digne enfin de la voûte éternelle
Tant il le trouve bien tourné.
Mais encore plus digne de celle
À qui l’amour l’avait donné... »
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