« Connaître sert beaucoup pour inventer. » (Mme de Staël)

Comment transformer Britannicus en drame romantique ?

   Cet article illustre l’article précédent (Tragédie classique vs drame romantique (ecrivaines17et18.com). Il s’agit de transformer une tragédie classique en drame romantique. On prend des libertés avec les règles, on transforme les confidences et les récits en spectacles et on se rapproche davantage de l’histoire et de la couleur locale. Bien entendu, les scènes essentielles subsistent pour la plupart. Voici donc un plan possible pour Britannicus.    

~ P L A N ~

Acte I

   La nuit, dans une grande cour du palais de Néron.

   Réunion joyeuse autour d’un théâtre où l’Empereur s’est fait applaudir sur les planches ; il récite encore des vers.

   Burrhus et Sénèque sont impuissants à le garantir des intrigants, dont le uns flattent ses goûts et ses manies, dont les autres le montent contre Agrippine et l’excitent à secouer le joug maternel.

   D’ailleurs, pour affirmer sa volonté d’être le maître et pour satisfaire une passion, il a fait enlever une jeune fille, Junie (cette Junie est enjouée et même coquette), que nous voyons arriver à la lueur des torches parmi des soldats en armes.

   On les laisse tous les deux seuls.

   Il lui fait une déclaration lyrique, puis brusquement la congédie, la remet aux gardes, parce qu’il a rendez-vous avec Locuste, la célèbre empoisonneuse.

Acte II

   Dans l’appartement de Junie, prisonnière au Palais.

   Junie est une jeune fille de la famille d’Auguste ; l’épouse, délaissée de Néron, la triste Octavie, est venue la voir.

   Néron, survenant, montre de façon blessante à quel point il déteste cette vertu, cette bonté.

   Nouvelles instances amoureuses de l’Empereur, mais on annonce Britannicus et Junie apprend à Néron que voilà celui qu’elle aime.

   Néron l’oblige à recevoir avec froideur le jeune prince et l’avertit qu’il entendra tout, caché derrière un rideau : c’est ce qui a lieu, comme dans Racine.

Acte III

   Séance au Sénat romain, qui reçoit les ambassadeurs arméniens.

   Néron fait acte d’indépendance vis-à-vis de sa mère en courant l’embrasser de façon à l’écarter du trône, où elle allait prendre sa place habituelle à côté de lui.

   Brouhaha.

   Il a fait mander Junie pour qu’elle le voie dans la gloire de son autorité suprême.

   Britannicus, qui a des velléités de travailler le Sénat contre Néron, voit Junie à côté de l’Empereur, trépigne de jalousie, s’approche enfin pour lui faire honte de sa froideur.

   Néron aussitôt fait évacuer la salle, et les deux hommes se heurtent devant celle qu’ils aiment et qui tente en vain de les apaiser (comme dans Racine).

   Néron fait arrêter Britannicus.

Acte IV

   Appartement de Néron.

   Locuste quitte l’empereur, Agrippine survient et lui fait une grande scène de reproches : en rappelant tous les crimes qu’elle a commis pour lui, elle évoque dans un large tableau le corruption de la Cour romaine et de Rome tout entière (comme dans Racine).

   Néron semble ébranlé, puis convaincu ; il fait vingt promesses, flatte sa mère de caresses, annonce qu’il va se réconcilier avec Britannicus.

   Mais Narcisse est là ; toutes sortes de mots à double sens laissent deviner l’hypocrisie et le piège.

Acte V

   La salle du festin.

   Grande animation.

   Agrippine est présente, Junie aussi.

   Néron fait l’histrion, Sénèque égrène des propos subtils ; la servilité des courtisans s’étale.

   Soudain Britannicus pâlit, s’affaisse, agonise dans d’atroces souffrances.

   A la faveur du désordre, Junie s’est échappée ; l’empereur furieux bondit sur sa mère, l’accable de menaces.

   Le drame se termine sur de sombres prévisions.     

* * *