Les femmes et La Bruyère (Caractères)
* « ... Les femmes du pays précipitent le déclin de leur beauté par des artifices qu’elles croient servir à les rendre belles : leur coutume est de peindre leurs lèvres, leurs joues, leurs sourcils et leurs épaules, qu’elles étalent[1] avec leur gorge, leurs bras et leurs oreilles, comme si elles craignaient de cacher l’endroit par où elles pourraient plaire, ou de ne pas se montrer assez... »
(La Bruyère, Les Caractères, « De la Cour », 74 (1688)
* « Une femme galante[2] veut qu’on l’aime ; il suffit à une coquette d’être trouvée aimable et de passer pour belle. Celle-là cherche à engager[3] ; celle-ci se contente de plaire. La première passe successivement d’un engagement à un autre ; la seconde a plusieurs amusements tout à la fois. Ce qui domine dans l’une, c’est la passion et le plaisir ; et dans l‘autre, c’est la vanité et la légèreté. La galanterie est un faible du cœur, ou peut-être un vice de la complexion ; la coquetterie est un dérèglement de l’esprit. La femme galante se fait craindre et la coquette se fait haïr. L’on peut tirer de ces deux caractères de quoi en faire un troisième, le pire de tous. »
(«Des femmes », 22)
* « Le temps, qui fortifie les amitiés, affaiblit l’amour. »
(« Du cœur », 4)
* « L’on veut faire tout le bonheur, ou si cela ne se peut ainsi, tout le malheur de ce qu’on aime. »
(Ibidem, 39)