Religion contre romans
Dangerosité des romans
La lecture de romans est proscrite par la religion (tout comme le théâtre). Nicole (janséniste) écrit : « Un faiseur de romans et un poète de théâtre est un empoisonneur public, non des cops, mais des âmes des fidèles, qui se doit croire coupable d’une infinité d’homicides spirituels, ou qu’il a causés en effet, ou qu’il a pu causer par ses écrits pernicieux. Plus il a eu soin de couvrir d’un voile d‘honnêteté les passions criminelles qu’il y décrit, plus il les a rendues dangereuses et capable de surprendre et de corrompre les âmes simples et innocentes. » (L’Hérésie imaginaire)
Il dit aussi dans son Traité de la comédie : « ... Comme on n’y représente que des galanteries ou des aventures extraordinaires, et que les discours de ceux qui y parlent sont assez éloignés de ceux dont on use dans les affaires sérieuses, on y prend insensiblement une disposition d’esprit toute romanesque, on se remplit la tête de héros et d’héroïnes ; et les femmes principalement y voyant les adorations qu’on y rend à celles de leur sexe, dont elles voient l’image et la pratique dans les compagnies de divertissement, où de jeunes gens leur débitent ce qu’ils ont appris dans les romans, et les traitent en nymphes et déesses, s’impriment tellement dans la fantaisie [l’esprit] cette sorte de vie, que les petites affaires de leur ménage leur deviennent insupportables. Et quand elles reviennent dans leurs maisons avec cet esprit évaporé et tout plein de ces folies, elles y trouvent tout désagréable, et surtout leurs maris qui, étant occupés de leurs affaires, ne sont pas toujours en humeur de leur rendre ces complaisances ridicules, qu’on rend aux femmes dans les comédies, dans les romans et dans la vie romanesque. »
On ne peut s’empêcher de penser au « bovarysme » (Madame Bovary, Flaubert) et à Zola qui, dans Pot-Bouille, fait de Marie Pichon (« le bleu des amours idéales ») une proie toute désignée pour le séducteur invétéré qu’est Octave Mouret.
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Date de dernière mise à jour : 08/09/2019