Paris littéraire féminin
Où vivaient nos femmes de lettres ?
Cette liste est loin d'être exhaustive.
Le Marais ou le nec plus ultra
* Mme de Sévigné séjourna en l’Hôtel Carnavalet (ci-dessous) de 1677 à 1694 (ou 1696). Il doit son nom à la veuve d’un gentilhomme breton, Françoise de Kernevenoy qui l’acquit à la fin du siècle précédent. Mme de Sévigné appelait familièrement son hôtel sa « Carnavalette ».
* Le Place Royale (notre place des Vosges), construite par Henri IV, fut le haut lieu de la vie mondaine vers 1630. Une pièce de Corneille a pour titre La Place Royale. Au n° 1 bis actuel, se trouve l’Hôtel de Coulanges, construit en 1606 où naquit Marie de Rabutin-Chantal, la future marquise de Sévigné, que nous venons d'évoquer ; au n° 11, l’hôtel de Loménie de Brienne où vivait la courtisane Marion Delorme en 1637.
* Mlle de Scudéry tint salon rue de Beauce.
Le Marais amorce une période de décadence à la fin du siècle au profit des faubourgs Saint-Germain et Saint-Honoré.
Le Quartier Saint-Honoré
* La Fontaine y fut l’hôte pendant une vingtaine d’années de Mme de La Sablière qui, dit-on, « ne se déplaçait jamais sans son chien, son chat et La Fontaine. »
Le Quartier du Louvre
* Salon de Mme de Rambouillet rue Saint-Thomas du Louvre.
Le Quartier Vaugirard
* Mme de La Fayette vécut en l’Hôtel de La Vergne.
Allons plus loin avec le tourisme à Paris au 17e siècle...
En 1687, Christian Thomasius, homme de loi et philosophe allemand écrivait : « Aujourd’hui, nous voulons que tout soit français. Vêtements français, plats français, meubles français. » Le Grand Tour des jeunes nobles étrangers passe obligatoirement par Paris.
Les premiers guides touristiques furent publiés entre 1690 et 1720. Ils mentionnaient les promenades à ne pas manquer à Paris et les lieux à la mode où il fallait voir et surtout être vu. Les premiers plans de Paris en petit format furent publiés en 1694 avec la mention des endroits où manger, où loger, où faire les boutiques, et surtout les achats indispensables. Ces manuels insistaient sur la qualité prodigieuse des produits proposés, la diversité des étalages et le tourbillon effréné des marchandises.
Un guide italien souligne que Paris est « le pays de tous les désirs ». « Où que vous tourniez la tête, vous verrez des boutiques », écrit un guide allemand, poursuivant ainsi : « Dans certaines boutiques, on trouve des choses essentielles, mais la grande majorité d’entre elles proposent de jolis bibelots, des objets qui n’ont aucune utilité dans la vie quotidienne. » Un guide anglais mentionne : « Lorsque l’on se trouve à Paris, on a tendance à acheter des choses dont on n’avait jamais entendu parler. »
... et Paris, ville d'art
Lentement mais sûrement, la ville de Paris s'embellit. Louis XIV se fait le protecteur des arts. Si Versailles lui suffit - bel euphémisme -, il sait bien que la capitale du royaume doit refléter son pouvoir.
On doit à Claude Perrault [1] La Colonnade du Louvre (1667-1674), l’Arc de Triomphe du Faubourg St-Antoine (1670) et l’Observatoire (1667-1674), à Lionel Bruand l’Hôtel des Invalides [2] (1671-1674).
Architectes, peintres (Poussin, Claude Gellée dit Le Lorrain, Philippe de Champaigne, Le Nain, Mignard, Le Sueur, Bourdon, Le Brun), portraitistes (Largillière, Rigaud), graveurs (Callot, Bosse) et sculpteurs (Puget, Girardon, Coysevox, Nicolas, Couston) prolifèrent. En 1648 fut créée l’Académie royale de peinture et de sculpture, reconstituée par Colbert en 1664 : il organisa les premières expositions de tableaux, notamment en 1673 dans la cour du Palais-Royal et en 1699 dans les galeries du Louvre. Mondains et mondaines affluèrent. En 1666 fut fondée, pour former les artistes, l’Académie de France à Rome, qui en 1676 fut rattachée à l’Académie royale de peinture et de sculpture. En 1671 fut créée l’Académie d’architecture et en 1669. l’Académie royale de musique.
C’est à l’Académie royale de peinture et de sculpture que prit naissance la critique d’art. Sur la proposition de Colbert on institua en 1667 des conférences qui durèrent jusqu’en 1682 : le premier samedi de chaque mois un membre de l’Académie prenait la parole pour disserter sur un tableau ou sur une question plus générale. Ainsi eurent lieu des conférences de Le Brun [3] sur le Saint-Michel de Raphaël, de Philippe de Champaigne sur La Mise au tombeau du Titien, de Mignard sur La Sainte Famille de Raphaël, de Sébastien Bourdon sur Les Aveugles de Jéricho et sur la lumière, d’Oudry sur Largillière, etc. On peut supposer que nos « femmes savantes » assistèrent à quelques-unes d’entre elles… ou bien était-ce trop leur demander ?... Aucune source n’en témoigne.
Au 18e siècle, Diderot prit la suite de la critique d'art avec ses Salons. Mais on peut lui reprocher une approche trop littéraire alors que ces conférences avaient un caractère technique et quasiment professionnel.
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Notes
[1] Les quatre frères Perrault se distinguèrent chacun dans leur spécialité. On doit au plus jeune, Charles, les Contes de ma mère l’Oye (1697). Il eut des initiatives intéressantes : ouverture au public du Jardin des Tuileries à la suite d’une démarche auprès du roi en faveur des enfants, élection des Académiciens au scrutin secret et ouverture au public des séances de réception à l’Académie française.
[2] Sauf le dôme qui fut construit par Mansart au tout début du 18e siècle.
[3] Directeur par ailleurs de la Manufacture des Gobelins et de l’Académie de Rome.
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Date de dernière mise à jour : 02/08/2023