Romans féminins 17e siècle
Romancières
Si l'on connaît Mme de Lafayette et, à la rigueur Mlle de Scudéry, qu'en est-il des autres ? Voici une liste des principales romancières du siècle.
- 1649 : Mlle de Scudéry, Artamène ou le Grand Cyrus
- 1654 : Mlle de Scudéry, Clélie, histoire romaine
- 1662 : Mme de Lafayette : La Princesse de Montpensier
- 1663 : Mme de Villedieu, Lisandre
- 1668 : Mme de Villedieu, Carmante
- 1669 : Mme de Villedieu, Journal amoureux
- 1670 : Mme de Lafayette, Zayde
- 1670 : Mme de Villedieu, Annales galantes
- 1671 : Mme de Villedieu, Mémoires de la vie d’Henriette-Sylvie de Molière
- 1672 : Mme de Villedieu, Les Exilés de la cour d’Auguste
- 1675 : Mme de Villedieu, Les Désordres de l’amour
- 1675 : Mlle de La Roche-Guilhem, Astérie ou Tamerlan
- 1678 : Mme de Lafayette, La Princesse de Clèves
- 1687 : Catherine Bernard, Les Malheurs de l’amour : Eléonor d’Yvrée
- 1689 : Catherine Bernard, Le Comte d’Amboise et Histoires des Amours de Cléante et de Bélise
- 1690 : Mme d’Aulnoy, Hypolite comte de Douglas
- 1691 : Présidente Ferrand, Lettres de Bélise à Cléante
- 1694 : Mlle Caumont de la Force, Histoire secrète de Marie de Bourgogne
- 1696 : Catherine Bernard, Inès de Cordoue
Ne sont pas recensés ici les ouvrages plus courts (nouvelles) comme par exemple La Comtesse de Tende de Mme de Lafayette.
Site sur Mme de Villedieu et ses romans ici
On peut ajouter, dans le cadre du lyrisme amoureux, la comtesse de la Suze (article sur Wikipédia ici), chantée également par son amant Hercule de Lacger ainsi que les réflexions morales de Mme Deshoulières (article sur Wikipédia ici), ci-contre, célèbre par son idylle des « chères brebis ».
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Du roman précieux au roman d'analyse
Avant Mme de La Fayette, on assiste à la naissance du roman d’analyse, encore maladroit et « précieux » avec Mme de Villedieu qui publie Alcidamie dès 1661[1]. Puis viennent Le Jaloux par force en 1668, Les Amours du comte de Dunois en 1671, Les Désordres de l’amour (1675), Les Amours d’Alcibiade en 1680, La Duchesse d’Estramène en 1682 (voir supra).
On lit l’Histoire des Amours de Cléante et de Bélise (1696) faite des lettres mêmes de la présidente Ferrand[2] à son amant, le baron de Breteuil.
Grâce à Segrais, on commence à distinguer le roman épique et la nouvelle, plus proche de la réalité : « La nouvelle doit tenir de l’histoire et s’attacher plutôt à donner des images des choses comme d’ordinaire nous les voyons arriver que come notre imagination se les figure », écrit-il dans les Nouvelles françaises ou les Divertissements de la princesse Aurélie (1656). Sorel insiste également sur l’intérêt porté « aux histoires véritables des accidents particuliers des hommes. »
Mme de La Fayette elle-même a été formée par la lecture des romans précieux à la mode, notamment Clélie de Mlle de Scudéry qu’elle a lu avec « tout le plaisir imaginable » et qu’elle « ne cesse d’admirer » ainsi que le Pastor fido de l’Arioste. Mais que d’intrigues peu vraisemblables ! Elle saura retenir la leçon de Segrais avec son chef-d’œuvre, La Princesse de Clèves, dont le critique Lanson a pu dire : « C'est Polyeucte moins la religion. » Selon Boileau, le style de Mme de La Fayette est « celui de la femme de France qui écrivait le mieux. »
Remarques sur le genre romanesque
Les études sur le roman se sont multipliées au cours du 20e siècle, amenant une meilleure connaissance du genre romanesque au 17e siècle et une réhabilitation d’œuvres mésestimées, mal connues ou ignorées. Ainsi, le roman devient au 17e siècle un genre à part entière, accompagné d’une littérature théorique et critique. Une connaissance plus exacte des conditions d’édition et de diffusion des œuvres a fait apparaître l’importance sociologique de ce genre qui acquiert droit de cité auprès de lectorat avant tout féminin.
C’est un foisonnement de production romanesque aux veines multiples : histoires tragiques, sentimentales, comiques, héroïques, épiques, voyages imaginaires et utopies, nouvelles et petits romans galants… Notons aussi la variété des techniques romanesques, modes de narrations et procédés d’écriture.
Le 17e siècle est celui de l’expérimentation et des tâtonnements romanesques mais aussi celui de la réflexion : rapports entre fiction et réalité, constitution du personnage, valeur morale du genre romanesque… Cette réflexion se poursuit, s’approfondit et s’affine au 18e siècle et s’épanouit au 19e siècle.
« Le personnage de roman du 17e siècle à nos jours » est un objet d'étude de la classe de première.
Date de dernière mise à jour : 14/10/2017