Louis XIV, lettres et arts
Louis XIV n’est certes pas un roi lettré mais il prend sous sa protection directe (à partir de 1660) les écrivains et le artistes, jusqu’alors livrés à la domesticité des grands seigneurs, ou à la rapacité des acteurs et des libraires. En 1663, le roi fait dresser une feuille de pensions, sur laquelle figurent tous les grands écrivains du temps, à côté de gens de lettre plus médiocres, mais qui passaient alors pour avoir un certain mérite. Cette liste fut d’abord établie par Chapelain, qui avait une très grande réputation de critique. Louis XIV pensionne également des savants et des érudits étrangers.
Il protège l’Académie française, à laquelle il donne un local au Louvre. L’Académie des inscriptions est fondée en 1663, l’Académie des sciences en 1666, l’Académie de peinture et de sculpture est réorganisée en 1664. Ces académies étaient des centres d’études. La Bibliothèque du roi (qui devait devenir notre Bibliothèque nationale) s’enrichit rapidement. On y adjoint le cabinet des estampes et le cabinet des médailles.
Louis XIV donne aux académies un rang hiérarchique dans l’Etat, manière de relever la dignité de ces intellectuels et scientifiques, jusqu’alors dédaignés, à moins que leur naissance (titre de noblesse) ne les distinguât ; encore paraissaient-ils déroger.
Il admet à sa cour et traite sur le même pied que les grands seigneurs les écrivains et les artistes. Il estime et respecte le talent de Racine, Boileau Molière, Lulli, Mansart, Lebrun, Mignard.
A l’égard de Corneille, on rappelle toujours qu’il le laissa mourir pauvre mais on oublie qu’il fit reprendre à la cour toute une série de ses pièces et qu’il fit accorder un bénéfice à son fils cadet. Il choisit Bossuet pour précepteur de son fils et Fénelon pour précepteur de son petit-fils. Il charge Bossuet des grandes oraisons funèbres officielles, appelle dix fois Bourdaloue dans la chaire royale malgré la sévérité de ses sermons, tient compte de l’avis de Boileau auquel il demande quel est, selon lui, le plus grand auteur et qui lui répond : Molière. Louis XIV remarque : « Je ne le croyais pas ; mais vous vous y connaissez mieux que moi. » Disons que Louis XIV avait l’esprit juste.
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Certes, ces écrivains achetèrent cette protection efficace te nécessaire de quelques flatteries. Mais il faut savoir les interpréter en leur temps et ne pas oublier qu’elles s’adressent à un roi victorieux en qui s’incarnait l’idée de patrie.